Michèle Richard, c'est l'Identité du Québec!

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En 1996, lorsque j'ai débuté ce site dédié à Michèle Richard, j'avais écrit un texte qui décriait l'idée que Michèle Richard était quétaine. En soi, si la raison pourquoi Michèle Richard n'est pas quétaine, c'est tout simplement parce que ceux qui la critique sont ceux qui, au fond, sont les véritables " quétaines ". Une des origines (non confirmées car il y en a plusieurs) du mot, donc la définition du mot quétaine, viendrait d'une famille en Beauce, les " Keatons " assez pauvre qui, par ostracisme, se sont fait isoler des francophones autour d'eux. On imagine la marâtre québécoise en train de dire " va pas jouer chez les Keatons " à ses enfants. De " Keatons " à " quétaine ", il n'y a qu'un pas phonétique. Quétaine c'est la critique d'un goût commun, d'un goût pauvre, d'un goût généralisé par une société de consommation. Un laminé noir et blanc avec une rose en couleurs entre deux personnes qui s'embrassent, voilà le quétaine. Du snobisme fondé sur des vêtements achetés aux Ailes de la Mode, voilà de la quétainerie. Un bain tourbillon extérieur qu'on montre à ses amis durant un barbecue : que de quétainerie!

Ce sont donc les véritables quétaines qui crient contre Michèle Richard. Un intellectuel dira : " elle est de mauvais goût ", ou encore " elle est exagérée ". Il semble qu'il faut être soi-même un quétaine pour critiquer se qui est autre, tout en le caractérisant de quétainerie. Ce qui revient à dire que ceux qui trouvent Michèle Richard quétaine, sont en fait ceux qui incarnent fondamentalement la quétainerie. Ils aimeront probablement Céline Dion, auront une piscine hors-terre en arrière de leur maison en banlieue de la ville ou encore auront la dernière décoration en matière d'arbre illuminé à la fibre otique. Entrez chez des pédants de campagne et vous découvrirez l'essence la plus profonde et la plus singulière de la quétainerie. (Il semblerait que ce soit encore plus marqué à Granby. À vérifier!)

Maintenant, pourquoi ces gens, ces quétaines, ont-ils tant de véhémence envers Michèle Richard? La raison est triste car elle est probablement fondée sur la normalisation par le bas, cette idée monstrueuse que l'extra est de la dépense inutile. Cette majorité sociologiquement polluante aime détruire par le dénigrement de ce qui est différent, ce qui est autrement. Pourquoi en fait-elle autant? Pourquoi doit-elle faire des scènes à la télé et dans l'écho-vedettes? Pourquoi ose-t-elle une émission de télé-réalité, pourquoi ne peut-elle pas, comme " nous " être platte, ennuyante, sans bruit et sans flafla? Voilà l'essence des critiques. Ce que les quétaines ne comprennent pas, c'est l'idée fondamentale qu'ils sont profondément inintéressants et ennuyeux et que personne n'a envie de savoir quoi que ce soit à propos d'eux. Triste mais vrai. On ne montre pas la " platitude " à la télé. Personne n'y serait intéressé. On montre la différence, l'entertainment. Et ça, c'est entre autres, Michèle Richard. Les gens ordinaire sont : ordinaires. Ils n'intéressent personne d'autre qu'eux même. Osez l'extraordinaire et vous serez visible. Critiqué d'avoir osé être différent - et encore plus lorsque vous représentez un succès par une simple différence de personnalité - la masse " ordinaire " fera du bruit car d'un côté elle adore, de l'autre elle ne peut vivre avec l'idée d'avoir adoré. Le fourre-tout de la quétainerie sera utilisé pour balancer l'inconfort.

Quétaine: L'origine de l'expression est discutée et discutable. Certains affirment qu'une famille Keaton, vivant à St-Hyacinthe, reconnue pour son manque savant de bon goût, serait - phonétiquement et idéologiquement - à l'origine du mot "quétaine". L'expression aurait été entendue par Denise Émond, du duo d'humoristes Ti-Gus et Ti-Mousse, qui l'aurait fait sienne et l'aurait ainsi semée dans les coulisses du Vaudeville montréalais (peut-être pour s'en immuniser). C'était au début des années 60. Il aura fallu une décennie de plus pour que le terme et ses conséquences socioculturelles ne s'inscrivent dans nos moeurs les plus rustiques.
Source: Johanne de Bellefeuille
En 1987, qui d'autre aurait pu oser se déclarer " reine de Quatre-Saisons "? Ça choque par sa véracité. Maintenant, pensez à tout l'univers artistique québécois et demandez-vous honnêtement qui, mais qui d'autre que Michèle Richard aurait pu faire une émission télé-réalité intéressante? Une télé-réalité sur Véronique Cloutier? Sur Rémi Girard? Sur Linda Lemay? Les nausées montent à la gorge lorsqu'on pense à des télé-réalités des autres artistes québécois. Il n'y avait que Michèle Richard pour être capable d'intéresser la population de la province à se river devant son écran. Et là, on entend dire en murmurant : " c'est pas si pire… " Voyons : c'est absolument GÉNIAL!

Oui, Michèle Richard n'est pas " une voix " comme tant d'autres. Mais elle est absolument tout le reste. Et ce " tout le reste " est ce qui manque profondément à la plupart des " voix ". Michèle Richard, c'est de la Madonna, c'est du Elvis Presley, c'est du Karajan, c'est de la Joséphine Baker. C'est de la révolution, c'est de l'énergie, c'est de la nouveauté, c'est de l'évolution de société. Michèle Richard, c'est une machine à faire, rire, pleurer, crier, chialier, s'amuser, jalouser et aimer. Céline Dion, en comparaison " c'est ben ben beau ce qu'elle fait "……

Réfléchissons à quelques réalisations de notre unique Diva :

Michèle Richard, qu'on le veuille ou non, qu'on aime ou pas, qu'on décrie où qu'on adore, a profondément marqué le Québec depuis un demi siècle!!! Elle fut devant les caméras à l'orée de toutes les révolutions du show-business depuis quasiment les débuts de la télévision! Et elle y est encore. Alors au lieu de normaliser par le bas en petit quétaine de banlieue profonde qui se croit le droit d'être intéressant par sa critique niaiseuse, c'est le temps de profiter de ce qui est donné par celle qu'on étudiera plus tard pour ses influences identitaires sur le Québec. On aurait eu que des Renée Claude et des Monique Leyrac (qui sont des voix fabuleuses à découvrir en passant) qu'on se sentirait " Français " dans le sens " France " du terme… On a eu Michèle Richard qui nous donne la qualité Nord-américaine de notre francophonie et qui nous permet d'inventer des termes tels que " quétaine " qui n'existent pas en France……